François-Marie-Gabriel Delanne
naquit à Paris 21, rue du Caire, le
23 mars 1857. Son père, Alexandre
Delanne et sa mère tenaient un
modeste magasin d'articles d'hygiène.
C'est au cours d'un de ses voyages
d'affaires que le père de Gabriel
Delanne entendit un jour, à Caen,
parler de Spiritisme. Alexandre
Delanne se procura Le Livre des
Esprits et Le Livre des Médiums et
voulut connaître l'auteur, c'est-à-dire
Allan Kardec.
Accueilli
fraternellement par Allan Kardec qui
demeurait alors passage Ste Anne,
Alexandre Delanne fut invité à
assister à l'une des réunions de la
société nouvellement fondée.
La mère de
Gabriel Delanne devint très
rapidement excellent médium
psychographe. Gabriel Delanne a donc
vécu dans un milieu qui tout
naturellement le conduisit à devenir
avec Léon Denis, l'un des plus
grands apôtres du Spiritisme.
Tandis qu'Allan
Kardec avait 51 ans lorsqu'il
commença à étudier les phénomènes
spirites et que Léon Denis vécut
seize années sans en avoir entendu
parler, Gabriel Delanne fut très
jeune familiarisé avec le
vocabulaire spirite ; il assista de
bonne heure à des séances nombreuses
et fortes intéressantes. Il commença
donc très tôt sa tâche d'apôtre de
la plus noble des causes. Allan
Kardec voyait souvent la famille
Delanne pour laquelle il professait
une vive amitié. Au cours de ces
visites, il éprouvait beaucoup de
plaisir à apporter des jouets au
petit Gabriel qu'il avait coutume de
faire sauter familièrement sur ses
genoux.
Etait-ce là
seulement un sentiment d'affection ?
N'y avait-il pas chez le
codificateur du Spiritisme le
pressentiment que ce bambin saurait
suivre son exemple et deviendrait
lui aussi un des apôtres du
Spiritisme ?
Toute sa vie terrestre, Gabriel
Delanne conserva toujours le plus
précieux souvenir d'Allan Kardec qu'il
exalta dans toutes ses œuvres, au
cours de ses conférences et de ses
discours. Nous pourrions faire à ce
sujet de multiples citations. Nous
nous contenterons de rappeler ce qu'il
disait le 23 janvier 1887 à Lyon, la
ville natale d'Allan Kardec :
"Nous croyons
Allan Kardec dans le vrai et nous
resterons fidèles à ses principes.
Solidement appuyés sur la Science,
nous marcherons hardiment dans la
voie que nous a ouverte son génie ;
les yeux fixés sur les consolations
qu'apporte avec elle notre chère
doctrine ; nous marcherons vers les
horizons grandioses et sans bornes
qu'elle nous découvre ; nous
marcherons au but, soutenus par la
force que donnent le bon droit, la
vérité et la Science et nous
essaierons ainsi d'établir la vérité
des œuvres du maître."
Gabriel Delanne
était très modeste. Il était
difficile d'aborder avec lui les
questions qui le concernaient
directement. De son vivant, il
refusa, à maintes reprises, de
donner des détails sur sa jeunesse
et sa vie. Cependant, nous savons qu'il
a fait ses études au Collège de
Cluny en Saône-et-Loire, ville où
habitait l'une de ses tantes,
belle-sœur d'Alexandre Delanne.
Après de
brillantes études scientifiques,
Gabriel Delanne fut reçu à l'Ecole
Centrale de Paris où il entra le 3
novembre 1876. Mais il donna sa
démission et quitta l'école le 26
janvier 1877. Cette décision fut
motivée par la situation matérielle
de ses parents qui s'étaient imposés
de très lourds sacrifices pour
parvenir à donner à leur fils une
instruction solide.
Il est intéressant de citer une
communication spirituelle spontanée
reçue au moment où il décida de se
consacrer entièrement à la diffusion
du Spiritisme.
"Ne crains rien,
lui disait-on, aie confiance. Au
point de me matériel, tu ne seras
jamais riche, mais tu ne manqueras
de rien."
Et cela se vérifia au cours de toute
l'existence de cet homme de génie.
Gabriel Delanne entra, comme
ingénieur à la Compagnie d'Air
Comprimé et d'Electricité Popp, où
il resta jusqu'en 1892.
C'est le 31 mars
1880 que, pour la première fois,
Gabriel Delanne prit au Père
Lachaise une part active à la
cérémonie commémorative annuelle de
la désincarnation d'Allan Kardec.
Déjà on découvrait l'ardent désir du
militant spirite de faire comprendre
le côté scientifique du Spiritisme.
"Allan Kardec,
disait-il, n'est pas venu apporter
une religion, il n'a ignoré aucun
culte ; sa morale est celle de Jésus
dégagée de toute fausse
interprétation mais ce dont il a
doté l'humanité, c'est d'une
doctrine capable de répondre à
toutes les objections de l'incrédulité
et à tous les grands problèmes posés
par la raison. En effet, jusqu'ici,
nous n'avons envisagé que le côté
moral de la doctrine, mais son étude
plus approfondie nous montre qu'en
suivant ses enseignements on peut
arriver aux plus belles découvertes
scientifiques. S'il est un champ d'études
encore inexploré, c'est celui qui
comprend les rapports entre le monde
invisible et le nôtre. Que de
problèmes à résoudre avant de
pouvoir donner une théorie
scientifique de ces rapports ! mais
un jour viendra où ils seront connus
comme des phénomènes étudiés
scientifiquement et ne seront plus
un secret pour nous. "
En terminant son
discours Gabriel Delanne s'écriait :
"A son exemple nous ferons tous nos
efforts pour répandre ses idées et
semer partout la bonne nouvelle."
Le vaillant défenseur du Spiritisme
tint cette solennelle promesse et
jusqu'à son dernier jour, il
travailla à faire connaître notre
science urbi et orbi.
En 1883, fut créée la Fédération
Franco-Belge Latine ; Gabriel
Delanne fut nommé secrétaire général,
le président étant P.G. Leymarie.
Cela prouve l'influence qu'il avait
déjà su acquérir dans les milieux
spirites français et belges.
En mars 1883, lorsque fut publié le
premier numéro de la revue
bimensuelle "Le Spiritisme", Gabriel
Delanne qui comptait parmi les
collaborateurs de cette publication,
en devint très vite le rédacteur
en chef.
Avec son père Alexandre Delanne, il
fut un des fondateurs de l'Union
Spirite Française (première du nom)
créée à Paris, salle de la Redoute,
le 24 décembre 1882 sous la
présidence du Docteur Josset. Cette
société avait pour but principal de
réunir en un faisceau, toutes les
forces spirites éparses dans le pays.
Le siège du journal "Le Spiritisme"
fut d'abord 39 - 4l, passage
Choiseul, puis 38, rue Delayrac, où
la famille Delanne avait fonde un
groupe spirite.
Le 23 janvier
1883, au Père Lachaise, Gabriel
Delanne prononçait un discours aux
obsèques de Mme Allan Kardec
désincarnée le 21 janvier 1883 à l'âge
de 88 ans, quatorze années après la
désincarnation de son mari.
Dans son
discours, Gabriel Delanne décrivit
avec justesse quel fut le rôle de
celle qui partagea la vie de cet
homme prédestiné que fut Allan
Kardec :
"Mme Allan Kardec fut véritablement
la femme forte suivant l'Evangile.
Devenue la compagne du grand
vulgarisateur du Spiritisme, elle
adopta ses idées ; elle employa
toutes ses énergies à l'étude des
principes nouveaux ; elle vainquit
les préjugés de son siècle et de son
éducation et s'éleva, par sa volonté
jusqu'à hauteur de l'esprit de notre
maître ; elle prouva, dans la suite,
par l'attachement profond qu'elle a
gardé pour notre manière de voir,
que le Spiritisme avait pénétré
vivement dans son cœur. Elle ne
faillit pas à la haute mission qui
lui était confiée. Allan Kardec
s'inspira de son intelligence si
juste pour la confection de ses
ouvrages il n'en publia pas un sans
l'avoir consultée et souvent il
profita des avis que lui fournissait
la rectitude du jugement de sa
campagne."
Le 31 mars 1883,
Gabriel Delanne devant le dolmen d'Allan
Kardec prononça les remarquables
paroles suivantes :
"Ne craignons pas de répandre notre
foi, disait-il, plus qu'aucune autre
philosophie, le spiritisme fortifie
et pénètre les âmes de ses doux
effluves."
"Nous avons la conviction faisons-la
pénétrer chez nos frères, unissons
nos efforts pour semer à foison nos
idées dans les masses et marchons à
la conquête de la société moderne
appuyée d'un côté sur la science et
de l'autre sur la raison ."
Déjà Gabriel
Delanne laissait prévoir les deux
tendances de son action ; montrer
que le Spiritisme n'est pas opposé à
la science, comme certains
scientistes l'ont ainsi voulu, mais
qu'il est nécessaire de le propager
dans tous les milieux sans avoir la
prétention étroite de vouloir garder
la vérité pour une élite d'hommes
scientifiques et intellectuels.
A la fin de
cette même année 1883, Gabriel
Delanne eut une intéressante
controverse publique avec J. Guérin
sur l'incarnation de Jésus-Christ.
Cet intéressant débat d'ailleurs
fraternel, fut relaté dans la Revue
Spirite de1884.
Pour Gabriel Delanne, le Christ est
un être exceptionnel, non par le
corps, mais par l'intelligence et le
degré d'avancement spirituel. Cet
avancement spirituel ne constitue
pas une chose suffisante pour
admettre une nature spéciale du
Christ.
C'est grâce à
Madame d'Espérance qui fut une
admirable médium que put paraître la
Revue "Le Spiritisme". Elle donna à
Gabriel Delanne, pour démarrer, une
somme de cinq mille francs, ce qui
représentait à l'époque une somme
avec laquelle on pouvait tenter une
opération commerciale.
"Ne me remerciez pas, lui dit-elle,
aussitôt que vous aurez établi le
premier numéro, revenez me voir,
nous poursuivrons ensemble la
propagande en faveur du Spiritisme."
C'est donc grâce à cette généreuse
anglaise que la Revue "Le Spiritisme"
vit le jour.
En 1884, Gabriel Delanne fut désigné
comme délégué par l'Union Spirite
Française au Congrès Spirite Belge,
qui eut lieu à Bruxelles.
Au début d'avril 1885, Gabriel
Delanne faisait paraître son
remarquable livre: "Le Spiritisme
devant la Science".
Il est également
intéressant de noter que c'est
également vers cette époque que Léon
Denis fit paraître sa première
brochure "Le Pourquoi de la vie" qui
date de septembre 1885.
Le début de l'action des deux grands
pionniers du Spiritisme est donc à
peu près parallèle. En décembre
1885, il est nommé vice-président de
l'Union Spirite Française. En 1886,
1887, 1888, 1889, 1890, il fait de
nombreuses conférences pour la
diffusion de la doctrine.
Gabriel Delanne
n'avait pas une très bonne santé,
déjà au moment du mariage de son
frère Ernest pour qui il avait une
profonde affection, on pouvait
constater à sa démarche, qu'il
souffrait d'une ataxie. Il avait un
léger déhanchement. Sa vue n'était
pas parfaite, dès l'enfance il avait
eu un abcès à l'œil gauche, ce qui
l'empêchait de voir de cet œil. Cela
fut cause de son exemption du
service militaire.
En 1892, Ernest
Delanne tomba gravement malade et
dut quitter Paris avec sa femme ;
cela chagrina beaucoup Gabriel
Delanne. En lui remettant son livre
"Le Spiritisme devant la Science",
il avait inscrit la dédicace
suivante :
"A mon frère bien aimé, hommage d'amour
fraternel."
En 1892, Gabriel
Delanne quitta la Maison Popp et
devint représentant d'une autre
maison de commerce pour laquelle il
voyagea beaucoup. Suivant l'exemple
de son père, Gabriel Delanne profita
de ces déplacements pour faire une
propagande intense en faveur du
Spiritisme. Il était en Algérie
lorsque son frère se désincarna le 9
juillet 1893 à Gray. Ce fut pour lui
une très grande peine de ne pouvoir
assister aux obsèques. Vers 1892, la
famille Delanne fut atteinte par une
catastrophe financière qui l'obligea
à liquider le magasin du passage
Choiseul. Si Mme Ernest Delanne n'était
pas spirite au moment de la mort de
son mari, elle le devint tout en n'ayant
jamais eu la faveur de recevoir une
communication de son époux. Bien des
fois, notamment avec Gabriel Delanne,
elle fit des séances, mais jamais
son mari ne vint se manifester.
Mme Alexandre Delanne avait remonté
une petite affaire. Elle se
désincarna en 1894 ; ses restes
furent mis au Père-Lachaise dans le
caveau de famille, par les soins de
Gabriel qui les fit transférer du
cimetière de Bagneux où elle avait
été en premier lieu inhumée.
En juillet 1896,
parut le premier numéro de "La Revue
scientifique et Morale du Spiritisme"
fondée par Gabriel Delanne. D'un
commun accord, Gabriel Delanne et
Jean Meyer étaient convenus de ce qu'à
la désincarnation de son fondateur,
cette revue d'un si grand intérêt
cesserait de paraître, pour être
fusionnée avec "La Revue Spirite".
En 1897, paraît
le troisième livre de Gabriel
Delanne "L'Evolution Animique".
Le 28 mars 1896,
Gabriel Delanne pour commémorer l'anniversaire
du décès d'Allan Kardec, fit à Lyon
une conférence sur la force
psychique.
En juin 1898,
eut lieu à Londres un important
congrès international auquel Gabriel
Delanne assistait comme délégué de
la section française de la
Fédération Spirite Lyonnaise et de
l'Union Kardéciste Italienne. Il
présenta un très long rapport sur
les vies successives.
En novembre
1898, le cinquantenaire du
Spiritisme était fêté par les
spirites parisiens ; conférences
publiques et gratuites furent
organisées ; elles furent faites par
Léon Denis, et Gabriel Delanne
exposa les manifestations diverses
par lesquelles le Spiritisme est
constitué : "c'est une science
sublime, disait-il, qui donne la
solution du redoutable problème de
la mort et qui porte dans ses flancs
la régénération du genre humain, par
la certitude absolue de ses méthodes."
En janvier 1899,
la Fédération Spirite Universelle se
transforma en Société Française d'Etude
des Phénomènes Psychiques, avec le
Docteur Moutin comme président et
Gabriel Delanne comme vice-président.
Il prit la présidence plus tard
comme un véritable apôtre, en
recevant avec la même gentillesse,
avec la même patience un nombre
considérable de personnes.
Servi par une
prodigieuse mémoire, Gabriel Delanne
était une véritable encyclopédie
vivante et l'on peut affirmer que le
Spiritisme lui doit, à l'heure
actuelle,
sa force et sa clarté scientifique.
Tout ce qui s'est fait pour la
diffusion du Spiritisme a été, en
effet, l'œuvre de Gabriel Delanne et
de ses collaborateurs.
Bien peu de sociétés spirites ont
fait, depuis Allan Kardec, un effort
aussi grand, aussi soutenu pour le
développement de l'idée spirite.
Il faut reconnaître que Gabriel
Delanne fut aidé par ses
collaborateurs de tout premier
ordre. A l'exemple de leur chef,
aucun d'eux ne rechercha jamais les
vaines glorioles d'une popularité
facile et éphémère, ni l'attention
des puissants du jour.
Tous, sans exception, n'eurent qu'un
but : répandre le Spiritisme et le
montrer sous son vrai jour,
c'est-à-dire comme la véritable
doctrine d'évolution utile à
l'humanité terrestre plongée dans
les ténèbres d'un matérialisme
décevant et perpétuellement trompée
par les dogmes surannés des
religions agonisantes.
Ce que Gabriel
Delanne a toujours généreusement
voulu, s'est pleinement réalisé,
l'Union Spirite Française existe
toujours, malgré toutes les
tentatives qu'elle a dû subir dans
le but de la supprimer, tentatives
qui se sont toujours soldées par des
échecs.
Le quatrième
ouvrage de Gabriel Delanne parut en
juin 1899 sous le titre: "L'âme est
immortelle".
En septembre
1900 eut lieu à Paris le Congrès
Spirite international. Gabriel
Delanne, lors de la séance
d'ouverture prononça un important
discours au cours duquel il constata
que le Spiritisme avait fait son
entrée au Congrès Psychologique de
1900, ce qui prouvait que les
spirites ont "poursuivi le
matérialisme jusque dans son
temple."
Depuis 1900,
Gabriel Delanne avait quitté son
appartement de la rue Manuel pour
aller habiter 40, Boulevard
Exelmans, c'est là que le 2 mars
1901 s'éteignit son père âgé de 71
ans. Cet homme, pendant 40 ans,
avait travaillé à la cause du
Spiritisme, prêchant lui-même
l'exemple et accueillant avec
sérénité les revers de fortune.
A partir de
1901, Gabriel Delanne fit tous les
mardis soir à 20 heures 30, une
conférence sur le Spiritisme au 57,
rue du Faubourg St-Martin.
Le 5 et le 12
avril 1901, sous les auspices de l'Association
Polytechnique, il traitait du
Spiritisme au point de vue
scientifique et moral ainsi que des
preuves expérimentales de la survie.
Du 15 mai au 3 juin 1901, il donna
une série de conférences à
Marseille, Avignon, Pont- St-Esprit
et Lyon. Il eut l'occasion de parler
des expériences faites avec sa mère
et comment elle écrivit deux lignes
en russe et une page et demie en
patois italien, langue et idiome
qu'elle ignorait complètement.
Dans les
premiers mois de l'année 1905,
voulant mettre en pratique la
solidarité spirite, Gabriel Delanne
adopta une fillette de sept mois, la
jeune Suzanne Rabotin qui vécut
toujours auprès de lui.
En juin 1906,
eut lieu à Liège un Congrès Spirite
; Gabriel Delanne y assista. Les
organisateurs du congrès profitèrent
de la présence du célèbre spirite
français pour lui demander de faire
une conférence. Il choisit comme
sujet : "L'extériorisation de la
Pensée".
Le 12 février de la même année, il
avait déjà fait à l'Athénée St
Germain à Paris, une importante
conférence sur l'œuvre d'Allan
Kardec, envisagée au point de vue
expérimental, scientifique et
philosophique.
C'est en 1906
que déjà obligé de marcher avec deux
cannes, il alla en août et septembre
à Cussey dans les environs de Lyon
où il se faisait soigner par son ami
M. Bouvier, magnétiseur spirite
réputé.
En 1908, il
acheva à Nice, où des amis l'accueillaient
chaque année, son important ouvrage
: "Les Apparitions matérialisées des
vivants et des morts" qui parut en
février 1911.
L'état de santé
de Gabriel Delanne était devenu très
mauvais ; il n'y voyait plus, il se
traînait à peine, chaque mouvement
était pour lui une cause de
souffrance, il était un exemple
vivant de résignation, restait gai
et très accueillant.
En 1918, il fit
avec sa famille un voyage à Allauch
dans les environs de Marseille ; ce
fut son dernier voyage hors de
Paris, il ne pouvait plus marcher et
il fallut recourir à un fauteuil
roulant pour le porter de la voiture
au train.
En 1922, il fit
la préface d'un ouvrage de M. Paul
Bodier : "La villa du silence" qui
eut un énorme succès.
En 1924, parut
son livre "La Réincarnation"
toujours édité de nos jours.
C'est pendant
les derniers mois de sa vie qu'il
prépara avec Andry Bourgeois un
ouvrage sur l'idéoplastie. .
Comme l'a
confirmé sa fille adoptive Mlle
Suzanne Delanne, Gabriel Delanne
sans être un mystique au sens absolu
du mot, croyait en Dieu. Tous les
soirs, avant de s'endormir, il
priait, sollicitant seulement le
courage nécessaire pour supporter
sans se plaindre ses constantes
douleurs. Chaque soir, il énumérait
une longue liste de ses parents et
amis disparus, appelant sur eux l'aide
de leurs protecteurs invisibles.
Le 12 février
1926, son état s'aggrava.
Brusquement, il se plaignit d'étouffements.
Le surlendemain, il avait chez lui
des amis comme MM. Andry Bourgeois
et Vauclaire. Malgré son grand état
de faiblesse, il continuait à parler
de sa chère Revue qui était sa
raison de vivre, quand un homme à
peine âgé de 35 ans demanda
à être reçu. Il était 15 heures 30.
Cet homme était un contremaître des
Usines Renault (Billancourt) aux
idées plus que socialistes, frisant
l'anarchie, le bolchévisme intégral.
"Mais, dit-il, il avait une parente,
une cousine qui écrivait d'une façon
étrange, sur des choses qu'elle
ignorait et il venait demander à
Gabriel Delanne la vérité sur ce
sujet et si sa parente n'était pas
folle ? "
Gabriel Delanne souffrant pourtant
le martyre, eut le courage pendant
près de deux heures et demie de
discuter avec cet homme, avec cet
inconnu assez intelligent et de lui
expliquer ce qu'était la médiumnité
de sa cousine et le phénomène
spirite de l'écriture automatique.
Il finit par convaincre cet homme
qu'ici-bas tout n'était pas matière
et que nous avons tous une âme
immortelle à faire évoluer. .
Le visiteur partit très ébranlé
disant qu'il allait étudier la
question et en parler à ses
camarades.
Voilà la dernière bonne action de
Gabriel Delanne. Il resta très
fatigué de cette dernière
conversation où il avait mis toute
son âme, sa science et sa sagacité.
A 19 heures, sa fille adoptive mis
la table pour dîner, mais Gabriel
Delanne très fatigué ne mangea rien,
mais pria ses amis de le faire, avec
son obligeance coutumière. Vers les
19 heures 30, il voulut, en se
traînant, aller à côté de sa salle à
manger. Après dix minutes, on
entendit un cri et une chute. Ses
deux jambes s'étaient paralysées ;
il ne pouvait plus se tenir debout,
toute vitalité était partie de ses
membres inférieurs qui traînaient
comme deux loques pendantes. On le
mit sur un fauteuil, Gabriel Delanne
se toucha le front et dit : "Je
crois que c'est la fin, c'est un
avertissement, et il ajouta : "
Souvenez-vous mes amis que Delanne
n'a pas peur de la mort."
A 4 heures du matin il allait plus
mal, un médecin lui lit une piqûre
de caféine pour le remettre en lui
disant que cela allait le remonter.
A 7 heures du matin Gabriel Delanne
se désincarnait à Auteuil, dans
cette villa Montmeurency où Jean
Meyer, Directeur de la Revue Spirite
avait voulu que soient abritées les
dernières années du vaillant
pionnier de la doctrine spirite.
La veille de la mise en bière, M.
Forget, membre de la Société
Française d'Etude des Phénomènes
Psychiques avait essayé de prendre 6
photographies de Gabriel Delanne sur
son lit de mort, pas une plaque ne
fut réussie ; il n'y eut absolument
aucune radiation.
Les obsèques eurent lieu le 18
février 1926 au Père Lachaise. Son
corps fut incinéré, sans que Mlle
Suzanne Delanne ait reçu, à ce
sujet, d'ordre précis de la part de
son père.
Par une coïncidence heureuse, la
tombe de la famille Delanne se
trouve assez proche de celle d'Allan
Kardec et tous les ans, lors de la
cérémonie commémorative qui réunit
les spirites autour du dolmen
d'Allan Kardec, ils vont en même
temps rendre un pieux hommage au
plus grand de ses disciples et à ses
parents qui ont tout lait pour
diffuser la philosophie spirite.
Toutefois, le
meilleur hommage que l'on puisse
rendre à Gabriel Delanne, ce ne sont
pas des fleurs, mais de suivre son
exemple et de faire le plus possible
de diffusion publique aussi bien que
privée du Spiritisme qui est et
restera la philosophie de l'avenir.
L'OEUVRE
Voici l'aperçu
de l'œuvre admirable de Gabriel
Delanne avec les dates de parution :
1885
LE SPIRITISME DEVANT LA SCIENCE
1896
LE PHENOMENE SPIRITE
1897
L'EVOLUTION ANIMIqUE
1898
RECHERCHES SUR LA MEDIUMNITE
1899
L'AME EST IMMORTELLE
1909
LES APPARITIONS MATERIALISEES
DES VIVANTS ET DES MORTS (TOME 1)
1911
LES APPARITIONS MATERIALISES
DES VIVANTS ET DES MORTS (TOME II)
1927
DOCUMENTS POUR SERVIR A L'ETUDE DE
LA REINCARTION
*****
COMMENTAIRES
LE SPIRITISME
DEVANT LA SCIENCE
présente un intérêt considérable par
suite des sujets traités. Dans ses
conclusions, Gabriel Delanne fait
remarquer que jusqu'à l'avènement du
Spiritisme aucune théorie examinée,
ne conduisait à la certitude que l'âme
soit une entité.
Le Spiritisme administre la preuve
que l'âme existe bien réellement, qu'elle
se manifeste dans toutes les actions
de la vie. Le Spiritisme devant la
Science devrait être lu et relu par
toutes les personnes qui désirent s'occuper
de l'origine de l'homme, mais après
la lecture préliminaire des livres
d'Allan Kardec et Léon Denis.
LE PHENOMENE
SPIRITE
contient dans ses pages le
témoignage des savants de tous pays,
témoignages qui rendaient hommage à
la vérité, en affirmant d'une façon
précise la réalité des phénomènes.
Gabriel Delanne reproduit sur la
couverture de son deuxième ouvrage
l'affirmation célèbre de William
Crookes: "Je ne dis pas que cela est
possible, je dis que cela est",
ainsi que l'opinion de Victor Hugo :
"Eviter le phénomène spirite, lui
faire banqueroute de l'attention à
laquelle il a droit, c'est faire
banqueroute à la vérité".
Gabriel Delanne d'ailleurs prend
soin, dans ce livre, de mettre à la
fin une liste nombreuse de
notabilités qui avaient affirmé la
réalité des phénomènes spirites.
Nous citerons un extrait de la
préface:
"Le Spiritisme est une science qui a
pour objet la démonstration
expérimentale de l'existence de l'âme
et de son immortalité au moyen de
communications avec ceux qu'on a
improprement appelé les morts."
L'EVOLUTION
ANIMIQUE
est une étude générale de la vie
chez les êtres organisés, une
analyse très détaillée du périsprit
et comment il a pu acquérir les
propriétés fonctionnelles. Dans un
chapitre, il est traité de la
mémoire et des personnalités
multiples.
Ce livre présente un intérêt
considérable et sa lecture est
nécessaire à toute personne qui
désire comprendre le mécanisme qui
réunit le corps et l'esprit.
La réincarnation y est mise
vigoureusement en lumière.
LES
APPARITIONS MATERIALISEES DES
VIVANTS ET DES MORTS
Ces deux volumes, à eux seuls,
fourniraient matière à de nombreux
volumes de commentaires. Disons que
dans le 1er tome, Gabriel Delanne ne
laisse dans l'ombre aucune des
objections qui sont faites à l'existence
de l'âme