O Consolador
Revista Semanal de Divulgação Espírita 

 


BIOGRAPHIES


Daniel Douglas Home
1833 - 1886

Daniel Dunglas Home est né près d'Edimbourg, le 20 mars 1833 ; ses parents descendaient d'anciennes familles écossaises. Dans celle de sa mère - la famille Mac Neill - on possédait le don de double vue, traditionnel en Ecosse, et sa mère était elle-même douée de cette faculté.
Home fut adopté, dès son bas âge, par une tante qui n'avait pas d'enfants et qui l'éleva à Portobello jusqu'à l'âge de neuf ans. A cette époque, elle émigra en Amérique avec son mari. L'enfant suivit ses parents adoptifs dans leur nouvelle résidence. Il était très sensitif, d'un tempérament extrêmement nerveux et d'une santé si délicate qu'il semblait destiné à une fin prématurée. Malgré sa frêle constitution, toutefois, il avait un heureux naturel et une gaîté de caractère qu'il conserva au cours de sa carrière, en dépit des dures épreuves par lesquelles il eut à passer. «Je me souviens de lui, » écrit un de ses anciens condisciples, M. Carpenter, maire de Norwich (Connecticut), « comme du meilleur garçon du monde ; de tous mes camarades, je n'en ai pas connu de plus gai, de plus affectueux, de mieux disposé à rendre service ; il avait du goût pour l'étude, mais, en dehors des heures de classe, il aimait à courir la campagne et les bois en compagnie d'un ou deux amis préférés. Personnellement, je ne crois pas au spiritisme, ne m'en étant jamais occupé ; mais je sais que mon ancien ami était foncièrement honnête et sincère dans ses convictions. »

Après avoir habité Norwich pendant un certain temps, il vint avec son oncle et sa tante résider à Troy, ville de l'Etat de New-York. Ce fut là que sa faculté médianimique se manifesta pour la première fois. Il avait pour ami intime un camarade nommé Edwin. Ils se promenaient fréquemment ensemble dans les bois et s'y installaient pour des lectures, dont l'un et l'autre étaient également friands. Edwin ayant lu, pendant une de ces excursions, le récit d'une apparition très romanesque, une discussion s'engagea sur ce sujet entre les deux amis. Après s'être demandé quelle créance convenait d'accorder à un tel fait, ils conclurent par la mutuelle promesse que celui des deux qui mourrait le premier viendrait l'annoncer au survivant. Quelques semaines après, Home partait pour Troy, distant de trois cents milles environ de Norwich. Il avait alors treize ans.
Au mois de juin suivant, il rentrait un soir, un peu tard, de chez un ami. Craignant d'être réprimandé par sa tante, il se retira sans bruit. La nuit était belle, et la lune éclairant suffisamment sa chambre sans rideaux, il ne prit pas la peine d'allumer sa bougie ; au moment où il se mettait au lit, un fait se produisit, qu'il raconte ainsi dans Incidents : « Pendant que je m'installais sous ma couverture, la chambre me parut s'assombrir subitement, ce qui m'étonna d'autant plus, que je n'avais pas aperçu le moindre nuage au ciel. Regardant du côté de la fenêtre, je distinguai très bien la lune, mais au travers d'une ombre qui devint de plus en plus intense et qui laissait passer une lumière, que je ne saurais comment décrire, semblable toutefois à celle que moi et bien d'autres avons vue depuis lors, quand une présence spirituelle vient éclairer une chambre. Cette lumière étant devenue plus vive mes yeux se portèrent vers le pied de mon lit et j'y vis mon ami Edwin. Je le voyais comme enveloppé d'un nuage brillant qui illuminait son visage, lui donnant une netteté que n'a pas celui des mortels. Il me regardait avec un sourire d'une douceur ineffable et, levant le bras droit, il en traça trois cercles ; la main commença alors à se dissoudre, puis le bras ; après quoi le corps entier s'évapora peu à peu. La chambre avait repris sa clarté naturelle. Je restai sans voix et sans mouvement, quoique j'eusse conservé toutes mes facultés intellectuelles. Aussitôt que j'eus recouvré l'usage de mes membres, je sonnai ; on accourut, pensant que j'étais malade, et mes premiers mots furent : «J’ai vu Edwin, il est mort il y a trois jours. » Un jour ou deux après arrivait une lettre, annonçant qu'il était mort après une très courte maladie. »

Quatre ou cinq ans plus tard - en 1850 - Home eut une seconde vision de même genre. Il habitait de nouveau Norwich, où il était retourné avec sa tante ; ses parents, qui avaient aussi émigré en Amérique, étaient domiciliés à une douzaine de milles de là, dans la ville de Waterford. Mme Home, étant un jour seule avec son fils, lui annonça qu'elle le quitterait dans quatre mois ; sa petite sœur Mary, disait-elle, lui était apparue et le lui avait prédit. Quelque temps après, Mme Home alla faire un séjour chez des amis ; juste à l'époque fixée pour son retour, sa famille recevait un télégramme, annonçant qu'elle était tombée gravement malade. Son mari dut partir immédiatement pour aller la rejoindre ; le fils, alité lui-même, ne put pas l'accompagner. Le même soir, la tante, s'entendant appeler par le jeune malade, s'empresse de se rendre auprès de lui et le trouve dans un état de grande surexcitation. « Tante, » dit-il, « maman est morte à midi ; je viens de la voir et elle me l'a dit. » Croyant qu'il avait du délire, sa tante chercha à le calmer ; mais le fait n'était que trop vrai : sa mère était morte le même jour, à midi, précisément quatre mois après la prédiction qu'elle lui en avait faite.

Les premières manifestations par coups frappés, dont Home fut l'intermédiaire, amenèrent entre sa tante et lui de sérieux dissentiments ; son caractère et les visions qu'il avait eues le prédisposaient à l'examen des problèmes de l'au-delà ; sa tante, au contraire, avait sur ces questions une manière de voir bien différente ; persuadée que les bruits insolites qui se faisaient entendre en présence de son neveu - dans la chambre duquel avaient débuté ces bruits tout spontanés - étaient provoqués par une influence diabolique, elle s'adressa aux trois clergymen de Greeneville, - où ils habitaient alors, - membres de trois sectes différentes, - un congrégationaliste, un baptiste et un méthodiste, - dans l'espoir que l'un ou l'autre trouverait le moyen de mettre un terme à ces fâcheuses manifestations. Mais l'effet produit ne fut pas ce qu'ils en attendaient. Le ministre baptiste avait proposé de chasser Satan par la prière : « Pendant que nous nous y livrions, » dit Home, « de légers raps se firent entendre sur sa chaise et sur plusieurs points de la salle et, chaque fois que nous implorions la miséricorde divine, soit pour nous, soit pour nos semblables, des raps bien accentués semblaient intercéder aussi avec nous. Je fus tellement frappé de ces manifestations, que je me promis alors, à genoux, de me consacrer entièrement à Dieu et de suivre les directions qui m'étaient ainsi données en tout ce qui me paraîtrait juste et bon, car tel devait bien être le but des témoignages d'approbation donnés à ces périodes spéciales de la prière. Cette circonstance décida en réalité de ma vie tout entière et je n'ai jamais regretté d'avoir pris cette détermination, malgré les nombreuses épreuves qui en résultèrent pour moi pendant bien des années »

A partir de ce jour, les raps devinrent plus fréquents, mais on n'avait encore fait aucune expérience pour chercher à savoir si ces bruits devaient être attribués à une intelligence quelconque ; ce fut chez une veuve qui habitait dans le voisinage qu'on s'en rendit compte pour la première fois ; on se servit de l’alphabet, et des réponses aux questions posées furent obtenues par ce moyen. Les habitants de Greeneville commencèrent alors à s'émouvoir et à envahir la maison, ce qui mit le comble aux perplexités religieuses de Mme Mac Neill Cook. Au nombre des assistants se trouvait une dame Force. La table dicta par des raps le nom de sa mère. Elle reçut ensuite un message, dans lequel on lui reprochait d'avoir oublié une sœur partie pour l'Ouest avec son mari une trentaine d'années auparavant et dont on n'avait eu dès lors aucune nouvelle. Le nom de la ville qu'habitait actuellement cette sœur ayant été donné, Mme Force écrivit à l'adresse indiquée et, à sa grande surprise, elle obtenait, bientôt après, une réponse à sa lettre.

Bien loin de ne voir - comme tant d'autres - qu'une chose ridicule dans ces communications par la table, la tante de Home en admettait parfaitement la réalité, mais elle les considérait comme impies et l'invasion de sa demeure par la foule des curieux lui causa une véritable terreur. Elle déclara, en conséquence, que puisque les Esprits ne voulaient pas quitter la maison, c'était à son neveu de la quitter, et elle le mit à la porte.

Home trouva chez un ami, dans la ville voisine de Willimantic, un asile temporaire. Il aurait pu garder rancune à sa tante de cette manière d'agir à son égard, mais il avait le cœur haut placé et ne conserva que le souvenir des soins qu'elle lui avait prodigués dans son enfance ; aussi, le premier usage qu'il fit de sa fortune, lorsque Mrs. Lyon - comme nous le verrons plus loin - mit à sa disposition une somme considérable, fut-il de lui faire don d'un cottage dans lequel elle passa le reste de ses jours et où elle mourut, en 1876, à la suite de l'émotion qu'elle éprouva, à la fausse nouvelle de la mort de son neveu. 

La publicité donnée par les journaux aux manifestations qui continuaient à se produire en sa présence lui attirèrent à Willimantic, comme ailleurs, un si grand nombre de visiteurs, qu'il se décida à quitter cette localité pour aller se fixer à Lebanon, dans une propriété rurale appartenant à la famille Ely. Ce fut à cette époque - en 1851 - qu'il opéra sa première guérison médianimique. Le récit qu'il en fait dans Incidents est assez curieux pour mériter d'être rapporté : « Pendant la seconde semaine de mon séjour à Lebanon », dit-il, « j'étais allé passer un jour ou deux dans une famille qui demeurait à environ trois milles de là. Une après-midi, je tombai en trance. Lorsque je revins à moi, la dame de la maison me dit que je m'étais entretenu avec un Esprit qui m'ordonnait de me rendre sur-le-champ chez un M. B... Connaissant à peine ce monsieur, il me semblait fort étrange d'avoir à me présenter chez lui, sans savoir ce que je venais y faire et sans autre prétexte que ce message de mes amis invisibles. C'était à six milles de l'endroit où je me trouvais et j'étais obligé de faire à pied la moitié du trajet. »
Après bien des hésitations et de nouvelles extases dans lesquelles ses guides lui reprochèrent de manquer de foi, il se décida à partir pour Lebanon et de là, à cheval, pour la destination indiquée. « Au moment de mettre pied à terre, » ajoute-t-il, « un orage s'annonçait et, avec la première goutte de pluie qui tomba sur ma main, il me vint à l'idée que la mère de M. B... était dangereusement malade. Je sonnai et ce fut M. B... lui-même qui vint m'ouvrir. « Madame votre mère est malade, » lui dis-je, « J'ai été envoyé pour prescrire le remède. » - «Comment,» fit-il, « pouviez-vous la savoir malade, lorsqu'elle ne l'est que depuis une heure et que nous avons envoyé chercher un médecin dans une direction opposée à celle d'où vous venez ? Mais je crains qu'il n'arrive trop tard, car ma pauvre mère s'en va rapidement. » Ayant attendu quelques instants qu'il me vînt une impression quelconque, je tombai tout à coup en extase et, dans cet état, je me dirigeai vers la chambre de la malade ; là, quelques passes faites sur elle, de ma main, calmèrent ses douleurs aiguës et, peu d'instants, après, elle dormait tranquillement. Durant mon état de somnambulisme, j'avais ordonné l'usage immédiat de quelques herbes et l'emploi régulier de quelques autres. Je fus fort surpris de ce qui s'était passé lorsqu'on me le raconta, à mon retour à l'état normal. Quand, une heure plus tard, le médecin arriva, il trouva sa malade hors de danger et déclara, après l'avoir examinée, que, d'après la nature de l'attaque, les conséquences en auraient été probablement fatales si l'on n'eût pris des mesures immédiates pour en combattre les symptômes. « Ma mère ne s'est jamais aussi bien portée depuis dix-huit ans, » écrivait M. B..., quelques semaines plus tard, à un de ses amis : « elle suit strictement les instructions données par Daniel et l'effet en est magique

La santé de Home s'améliora pendant son séjour à Lebanon ; il savait que la pratique de la médiumnité lui causait une déperdition de force vitale, et ses amis Ely, qui avaient fait la même remarque, l'engageaient à se ménager et à résister aux instances de ceux qui, abusant sans scrupule de sa bonne volonté, réclamaient de lui des séances trop multipliées.
Il n'en fut pas de même à Springfield (Massachusetts) où il vint demeurer, en 1852, chez M. Rufus Elmer, un des notables de l'endroit. « Pendant le temps que j'y séjournai, » dit-il, « les manifestations attirèrent une foule de gens désireux de voir de leurs propres yeux les phénomènes ; la force était alors considérable et je tins souvent jusqu'à six ou sept séances dans un seul jour. On venait de fort loin, même du Far-West, où les journaux avaient parlé de moi l'année précédente. »
On lit à ce sujet dans Life and Mission un compte rendu signé du célèbre poète Bryant, du prof. Wells, de l'Université d'Harward et de MM. Bliss et Edwards, donnant les détails d'une séance à laquelle ils ont assisté et des phénomènes intéressants qu'ils y ont observés en pleine lumière ; ils concluent à l'impossibilité de toute mystification dans les conditions où ils se trouvaient.

Les merveilleuses cures, qu'il avait opérées suggérèrent à Home l'idée de se vouer à la carrière médicale il avait alors 19 ans et, n'acceptant jamais de rémunération, sa position était fort précaire. Il fit part de son projet à ses hôtes mais ceux-ci, sans le désapprouver absolument, lui firent une proposition bien inattendue - n'ayant pas d'enfants, ils désiraient faire de lui leur fils adoptif et leur héritier, à la seule condition qu'il remplacerait son nom de Home par celui de Elmer. Il y avait là de quoi tenter un jeune homme sans aucune fortune et cependant, après y avoir sérieusement réfléchi et avoir consulté ses amis Ely, il se décida à décliner l'offre qui lui était faite. « Vous devez être très reconnaissant envers M. Elmer de la bonté qu'il vous témoigne, » lui avait-on écrit de chez les Ely, « mais prenez garde toutefois de prendre une détermination hâtive que vous auriez peut-être à regretter les uns ou les autres. Pourquoi ne feriez-vous pas votre chemin sous votre propre nom ? » Ce conseil répondait au sentiment intime de Home, qui tenait à son indépendance et n'aurait pas voulu engager les Elmer dans une démarche dont ils se seraient peut-être repentis plus tard. Il partit peu après pour New-York, mais il ne conserva pas moins d'excellentes relations avec ceux qui avaient désiré devenir ses parents adoptifs.

Il fit à New-York la connaissance de plusieurs personnages célèbres, celle entre autres du prof. Hare, chimiste et électricien éminent du prof. Mapes et du juge Edmonds, qui tous trois se convainquirent, non seulement de la réalité des phénomènes, mais aussi de leur origine spirituelle. 

De 1852 à 1854, Home passa par bien des péripéties. Le Dr Hull, mis en éveil par une séance à laquelle il avait assisté, l'invita à venir séjourner quelque temps dans sa résidence de New-burgh, sur les bords de l'Hudson, lui offrant une somme importante que le médium refusa, déclarant qu'il n'avait jamais fait payer ses séances et qu'il était résolu à en agir toujours de même et il se tint parole. On aura de la peine à comprendre que, dépourvu de ressources comme il l'était, il ait fait preuve d'un si complet désintéressement. Cela n'a pas empêché, d'ailleurs, ses détracteurs de l'accuser de vénalité à bien des reprises ; le trait que je vais rapporter, suffira, je pense, pour mettre à néant de telles accusations. 

Etant à Paris en 1857, on s'occupait beaucoup de lui et, dans un certain cercle de la jeunesse dorée, le Club de l'Union, on ne voulait pas croire qu'il refusât toute gratification ; convaincus que c'était une question de plus ou de moins, quelques-uns de ses membres, après s'être concertés, lui offrirent 50,000 francs pour une seule séance. Cette offre fut déclinée comme toutes les autres. Home, cependant, sachant que le public croit volontiers que tous les médiums, sans exception, sont disposés à vendre leurs services, et voulant laisser après sa mort une réputation intacte, profita de l'occasion qui se présenta, longtemps après, pour se faire délivrer par un ami, membre de ce Club, M. Bodiska, fils du consul russe à New-York, une attestation écrite sur ce qui s'était passé à cet égard. « J'ai raconté cette histoire, » lui dit-il, « mon cher Bodiska, mais on l'a traitée de fable. Comme justice ne m'est pas souvent rendue et qu'on prétend constamment que je fais payer mes séances, il est probable que, lorsque je ne serai plus là, on dira que j'ai accepté les 50,000 francs qui m'étaient offerts pour cette séance ; peut-être même doublera-t-on la somme. » M. Bodiska se rendit volontiers à la demande de son ami et lui remit la déclaration suivante, qui se trouve entre les mains de Mme Dunglas Home :
« C'est à Paris, chez mon beau-père, le comte Alexandre Komar, où il demeurait alors, que je me suis rencontré pour la première fois avec M. D. D. Home ; j'ai eu l'occasion d'apprécier aussi bien son caractère, que les phénomènes extraordinaires qui se produisent en sa présence et je déclare franchement, que rien dans les principes de la nature ne peut expliquer ce que moi et d'autres avons constaté, non pas une, mais bien une centaine de fois. Jamais il n'a été incité, par un motif de lucre, à user de sa merveilleuse faculté, car, à ma connaissance, il a refusé bien des offres, dont une, en particulier, du Club de l'Union, qui lui avait offert 50,000 francs pour une séance. Un parent de ma femme lui a même proposé de l'adopter et de lui assurer une rente viagère, ce qu'il a aussi refusé.
« B. BODISKA » 

Home, ayant décliné les propositions du Dr Hull, en ce qui concernait la question financière, consentit toutefois à aller passer quelque temps chez lui et à y donner des séances ; les résultats en ayant été très intéressants, le docteur s'entendit avec un certain nombre d'amis pour trouver le moyen de vaincre ses susceptibilités. Ils lui proposèrent alors - comme son éducation avait été passablement négligée - de se charger de lui et de lui donner collectivement l'instruction préparatoire qui le mettrait à même d'étudier la médecine, à laquelle il désirait se vouer. Home accepta ; mais, assailli de divers côtés par des demandes de séances qu'il ne savait pas refuser, ce ne fut qu'en 1853 qu'il put profiter de la bienveillance de ses amis. Sous la direction du Dr Hull, il commença alors à apprendre le français et l'allemand et fut bientôt en mesure d'entreprendre ses études de médecine ; il quittait dans ce but Newburgh, en automne 1853, pour se rendre, à New-York.
Destiné, toutefois, à être l'apôtre du nouveau spiritualisme, diverses circonstances vinrent se mettre à la traverse des plans que ses amis avaient formés pour lui ; d'une part, son caractère ne se prêtait pas à la vie sédentaire qu'exigeaient des études suivies ; d'autre part, sa santé en souffrait à tel point, qu'en janvier 1854 il tomba sérieusement malade et dut suspendre tout travail ; une année après, il se voyait obligé de renoncer définitivement à la carrière qu'il avait ambitionnée. Son poumon gauche étant attaqué, le Dr Gray, ainsi que d'autres médecins de ses amis qu'il consulta, furent d'avis que le seul moyen d'enrayer le mal était d'entreprendre un voyage en Europe. Après avoir consacré deux mois à faire ses adieux aux nombreuses relations qu'il laissait en Amérique, il s'embarquait pour l'Angleterre en avril 1855. 

« Je n'oublierai jamais, » écrit-il dans Incidents, « les sentiments qui m'assaillirent, lorsque je me vis sur le pont au milieu d'une foule de passagers, dont la plupart étaient heureux d'un voyage qui les ramenait dans leur famille ou vers des amis par lesquels ils étaient impatiemment attendus, tandis que moi je me trouvais seul, malade et complètement déçu dans mes espérances. Il ne me restait pour toute consolation que l'espoir d'entrer, après quelques mois de souffrances, dans un monde meilleur. L'étrange pouvoir que je possédais me faisait passer chez quelques-uns pour un pauvre illuminé, un suppôt de Satan envoyé pour la perdition des âmes, tandis que d'autres me considéraient comme un vulgaire imposteur. L'isolement dans lequel je me sentis alors, me plongea dans un tel état de prostration, que je perdis tout courage. Me retirant alors dans ma cabine, j'adressai à Dieu une fervente prière, lui demandant de m'envoyer quelque rayon d'espérance. Bientôt je sentais la paix descendre dans mon âme et lorsque je me relevai, de tous mes compagnons de voyage, il n'en était pas de plus heureux que moi » 

Dès son arrivée à Londres, il se vit recherché dans la meilleure société. Il était loin, bien loin de pouvoir accorder toutes les séances qu'on lui demandait. Parmi les personnages de marque qui firent avec lui des expériences suivies se trouve Lord Brougham. En compagnie de William Cox, il obtint en plusieurs circonstances de remarquables résultats consignés dans plusieurs lettres. Un autre savant bien connu, sir David Brewster, après avoir assisté à quelques séances, avait déclaré que ce qu'il avait vu lui était absolument inexplicable, soit par la fraude, soit par les lois physiques connues. Mais il se rétracta plus tard, dans la crainte de compromettre sa réputation et alla même jusqu'à prétendre que les phénomènes n'étaient que le produit de la supercherie. Nous verrons plus loin que cette frayeur du qu'en dira-t-on n'était pas spéciale à ce philosophe.

Pendant que les journaux anglais s'occupaient de Home, attaqué par les uns, défendu par les autres, dans une polémique entamée au sujet de sir Brewster, - polémique racontée avec de nombreux détails dans Life and Mission[8] , - le médium avait quitté l'Angleterre et passait l'automne de 1855 à Florence. C'est dans cette ville qu'eut lieu un incident dont les suites n'eurent, heureusement, d'autre gravité que l'émotion qu'il lui causa. Rentrant un soir chez lui, il fut assailli par un inconnu qui lui porta trois coups de poignard. Sauf une égratignure, pourtant, ils ne firent de tort qu'à ses vêtements, en particulier à la fourrure qu'il portait ce jour-là. 

Il serait trop long de raconter en détail les pérégrinations de Home, dont la vie entière se passa en voyages perpétuels exigés, tantôt par sa santé qui l'obligeait à des changements de climat suivant les saisons, tantôt par les invitations qu'il recevait des nombreux amis qu'il se faisait dans chaque endroit où il séjournait. De 1857 à 1876, nous le trouvons presque chaque année en Angleterre, d'où il se rend soit en France et en Italie, soit à Genève, où il fait d'assez longs séjours, soit en Russie, pays dont les deux épouses qu'il a eues étaient originaires.
Il se marie une première fois en 1858 à Saint-Pétersbourg, avec Mlle Alexandrina de Kroll, dont il avait fait connaissance à Rome, chez sa sœur, Mme la comtesse de Koucheleff, mais cette union de courte durée, est brisée en 1862 par la mort de Mme Home.
À la fin de cette même année, il se rend de nouveau à Rome dans l'intention d'y étudier la sculpture. Le 12 janvier 1863, il recevait une lettre l'invitant à se rendre à la direction de police. Il y subit un interrogatoire, au cours duquel l'inspecteur lui demanda comment les Esprits se manifestaient à lui. Des raps aussitôt se firent entendre, tant sur la table voisine, qu'ailleurs. A la suite de cette entrevue, il lui fut enjoint d'avoir à quitter dans trois jours la ville éternelle. Il dut se soumettre, non sans avoir protesté contre cette mesure arbitraire, auprès du gouverneur et du consul anglais.
Ce curieux épisode est raconté tout au long dans la préface de son ouvrage : Révélations sur ma vie surnaturelle.

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En 1867 et 1868, des difficultés bien plus sérieuses lui furent suscitées par Mrs. Lyon qui, après l'avoir pris momentanément en affection, exigea le remboursement de la fortune dont elle s'était dépouillée en sa faveur ; ce fut l'occasion d'un procès qui fit beaucoup de bruit et dont le lecteur trouvera plus loin les détails circonstanciés.

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En 1870, Home suit, dans le camp allemand, en qualité de correspondant d'un journal anglais, les péripéties du siège de Paris et, au milieu de ces scènes de carnage, il fait preuve de courage et de dévouement en plus d'une circonstance.

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Resté veuf jusqu'en 1871, il fait connaissance à cette époque de sa seconde femme, avec laquelle il passa quelques années aussi heureuses que le permettait une santé toujours chancelante ; il en eut une fille qui ne vécut que quelques mois. La dépouille mortelle de cette enfant repose à Saint-Germain, dans un caveau où le père, qui ressentit, un profond chagrin de cette perte, fut placé à son tour, selon le désir qu'il en avait exprimé.
Pendant les dix dernières années de sa vie, il passe presque tous ses hivers à Nice et, dans la belle saison, par contre, on le trouve tantôt dans un pays, tantôt dans un autre. Vers la fin de 1884, il annonçait à sa femme que la maladie approchait d'une crise, qu'il prévoyait longue et pénible ; les différentes phases qu'il en avait décrites se réalisèrent parfaitement et après dix-huit mois de souffrances, mitigées par des périodes de calme relatif, il s'éteignait paisiblement le 21 juin 1886.

 


 
 

     
     

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